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15 février 2009 7 15 /02 /février /2009 14:53

 

 

      

  

 

    Toute expérience du sacré est-elle une expérience religieuse ?



 
j'avais l'intention de supprimer ma réflexion sur le sacré, qui allait paraître dépassée, mais je viens de lire le dernier livre de Régis Debray - Le moment fraternité - et je vois que le sujet est d'actualité.
"Dans ce monde où tout est monnayable, le sacré personne ne peut se l'approprier dit-il

Voici un passage ou il fait l'analyse du livre de René Girard
"Les apologétiques chrétiennes, plus spécialement
catholiques(René Girard, par exemple), sont en général des essais de désacralisation du christianisme, dont on veut croire qu'il aurait renvoyé le sacré dans le barbare, le non occidental, le primitif, en ouvrant une ère radicalement nouvelle,de spriritualité sans frontières et d'éthique sans exclusives. .. 
afin d'éviter le terme suspect de sacré, quitte à retomber, si les mots ont un sens, dans  un animisme païen par ailleurs décrié, qui peuplait d'esprits certains lieux et logeait une âme dans les choses. Pourquoi pas les maisons hantées et des pierres miraculeuses ? un pas en avant,deux pas en arrière..."
 Apologétique voulant dire  qui défend la religion, on peut penser que R. Girard est chrétien 
 Quant à Régis Debray il est agnostique, je crois, mais son raisonnement est intéressant.

              René Girard, s'il vit encore a 86 ans. Sa pensée était intéressante il y a 40 ans avec sa théorie sur la violence fondée sur la "rivalité mimétique" selon celle-ci, les hommes désirent ce que désirent les autres, ce qui conduit au déchaînement d'une violence qu'ils ne peuvent contenir qu'en l'extériorisant par le sacrifice d'une "victime émissaire"
 Le bouc émissaire aujourd'hui c'est le pape. Le concept de "rivalité mimétique". il est vrai qu'intellectuellement il a dû faire des envieux. ce sont les "bons catho" qui l'ont attaqué les premiers. La horde suit.

(1) rivalité mimétique voulant dire simplement jalousie

            Le sacral ne meurt pas dit 
R. Debray, il mute
    
Ce constat me semble intéressant car vouloir nier le sacré pour une spiritualité sans frontière.... 
changer un mot pour un autre plus vague....sans rien proposer, c'est du changement  qui détruit sans construire.

Encore un extrait du livre de R. Debray
La sacralité est oeuvre humaine, puisqu'elle prend racine dans l'histoire. mais on ne veut plus que du présent et du propre. Il faut donc se débarasser   de ce qui fût nos péchés d'hier  "refilons notre mauvaise conscience aux retardataires. Leurs crimes d'aujourd'hui nous sont d'autant plus insupportables que ce furent jadis les nôtres  ...Plus ils culpabiliseront
, plus ils serons disculpés"
 Le moment fraternité -  de Régis Debray page 220


Changer pour changer, voilà me semble-t-'il ce que  certains bons cathos" appellent la  modernité
 ils veulent simplement tout contester.
Toujours le même discours depuis 30 ans :
 le mariage des prêtres.
Les femmes ordonnées.
Le remariage à l'église.
 Les évêques doivent être les plus grands serviteurs etc ...(Le pape aussi sans doute..) pour qu'ils épanouissent enfin leur pouvoir là où ils ont tout raté
Ceux qui tiennent ces discours , je ne les vois pas changer eux-mêmes.
 c'est ceux là que j'appelle les donneurs de leçons ou "les bons cathos"
  


Notre salut se trouve du côté du sacré . Le Monde du 21/3/09

Dans son nouvel essai, - La Marque du sacré Jean Pierre DUPUY -  affirme que c'est dans le retour du sacré que la société, après avoir voulu l'expulser au nom de la rationalité, peut trouver son salut face à la démesure de la modernité technologique.

Ce landais né en 1941, philosophe polytechnicien. Reçu à Normal Sup
semble pouvoir faire une réflexion interessante sur le sujet.

Dans le Monde du 21 Mars ,Il affirme que notre salut se trouve du côté du sacré et nous met en garde contre les violences de la modernité


J'ai vu aussi recemment que le "sacré" est devenu une question pour les classes  de terminales et les concours des grandes écoles
                  
_____________________________________

Revenons donc à ma réflexin d'il y a 4 ans


 
  L'expérience du sacré est-elle une expérience religieuse


             L’expérience religieuse est d’abord une expérience du sacré nous dit Francis Kaplan, mais toute expérience du sacré est-elle une expérience religieuse ?

 

             Dans une première partie nous essaierons de définir la notion du sacré.

 

             Dans une deuxième partie nous réfléchirons sur l’expérience religieuse

           

     Ensuite nous tenterons de dire si toute expérience du sacré est une     expérience religieuse et s’il y a du sacré sans religion

 

                    Nous terminerons par la réflexion  : est-ce que le sacré est

             nécessaire ou indispensable à l’homme.

 

 

              La notion de sacré  

        Le sacré selon le dictionnaire Larousse a un rapport avec le divin 

« dans l’interprétation des phénomènes religieux, le sacré est le caractère de ce qui transcende l’humain par opposition au profane ».                  
 
En latin « sacer » introduit la présence d’un signe sur-humain vénérable.
  

                   Le terme sacré est un mot équivoque, il qualifie une expérience non conceptualisable et s’objective dans des phénomènes culturels, qui donnent lieu à une transmission, par des mythes et des rites essentiellement.        

                  Depuis que nous étudions les  sciences humaines, le sacré est parfois défini comme un état affectif qui submerge « le moi » avec la perspective de quelque chose d’infini, qui est vécu au travers d’un sentiment de dépendance à l’égard d’une force non maitrisable).  R. Otto va jusqu’à rattacher le sacré à une structure à priori émotionnelle.

                   Dans l’expérience du sacré il y a quelque chose de transcendant même si cette transcendance se situe dans l’ordre de l’immanence.  C’est un absolu, quelque chose qui nous dépasse. Par rapport au sacré l’homme aurait donc une situation inférieure et dépendante.

                  Durkeim parle d’un état collectif il dit que le sacré est lié au profane et que la religion assure cette relation. 

                 Si le sacré est lié au profane et que c’est la religion qui assure cette relation…

 

                Que pouvons nous dire  de l’expérience religieuse.  

 

               L’expérience religieuse c’est ce qui relie à Dieu.
N
ous faisons la distinction entre le religieux et Dieu,. La grande difficulté pour expliquer l’expérience religieuse c'est qu' elle se vit.

               Monseigneur Lustiger parlait récemment de l’expérience du dépassement. J’adhère à cette idée, l’expérience religieuse est une expérience de dépassement.

                Dans notre expérience religieuse nous utilisons les rites et les mythes,  qui  perpétuent des événemets passés. Dans les mythes le présent est éternel.     

             Les sacrements sont des rites qui mettent en rapport le sens et la parole d’un événement passé de la vie du christ « faites ceci en mémoire de moi », le signe de la croix  renvoie tous les chrétiens au Christ mort sur la croix.

 Le baptême , la confirmation sont autant de signes vécus par les chrétiens à travers des rites.

                  Les rites sont parfois vides de sens dans certaines célébrations.

 Le prêtre dans son homélie dimanche dernier parlait des traditions (1) « qui sont comme la multitude de rites accumulés au cours des siècles auxquels les pharisiens étaient très attachés et qu’ils accomplissaient scupuleusement ; trop scrupuleusement car en fin de compte, ils les accomplissaient machinalement et le cœur n’y était pas ».

                      Les juifs et les musulmans ne mangent pas de porc parce que le législateur religieux leleur interdit. Ils observent cette interdiction, parce qu’elle leur apparaît comme sacrée.

                  Le totem considéré comme l’ancêtre dans certaine religion africaine ou polynésienne est vénéré et honoré à ce titre.

 

                  Dans le journal « Ouest France » du 10 septembre, il avait une photo de Bombay où des dizaines de milliers de fidèles immergent des statuts de Ganesh. Pour eux ce dieu à tête d’éléphant, protecteur du foyer est probablement sacré.

 

                  

 

(1)   Alors que la Tradition plonge ses racines dans le sol pour produire des fruits nouveaux à chaque saison            

 

 

Mais toute expérience du sacré est-elle une expérience religieuse ?

   

 

                            Les francs maçons qui entrent en loge évoquent le grand

Architecte de l’univers, qui n’est pas Dieu pour la majorité, mais ce grand architecte représente  pour eux, cet être supérieur (ou autre chose) de supérieur qu’ils ne nomment pas, mais qui est pour eux l’être suprême, supérieur « le tout Autre »  celui vers qui ou vers quoi  il faut tendre pour cheminer vers la perfection ; but à atteindre par le travail, la tolérance, l’amélioration de la vie des hommes et le perfectionnement de soi-même, autrement dit l’expérience du dépassement.

Ils font bien la différence entre l’initié et le profane,  le profane n’entre pas dans le temple . L’intérieur du Temple étant un lieu sacré non accessible aux profanes.

 

            Il y a aussi l’amour sacré de la Patrie
                    La vie est sacrée

           

                             

 

 

             Y a-t-il du sacré sans religion ?

 

             Ces hommes qui ne sont pas religieux ont un rapport au sacré ; que ce soit la Patrie, le grand Architecte de l’univers, le rapport à l’art qui peut être une contination du sacré etc …  L’expérience du sacré dépasserait donc très largement les contours de l’expérience religieuse

      .

 

                 N’y aurait-il pas lieu de revoir ces notions de sacré ?

                                          

                 Peut-on dire encore que la patrie est sacré ?  à l’heure de la mondialisation et de la grande Europe… il n’empéche que chacun de nous aime sa Patrie.

                 La vie est sacré nous dit-on mais « qu’un sang impur abreuve nos sillons » nous fait dire la Marseillaise …

  

                  La vie est sacrée mais nous pratiquons aujourd’hui l’avortement, remboursée par la Sécurité sociale, donc reconnu et accepté .

                       

                  Les liens sacrés du mariage … , mais il y a un divorce sur trois mariages de nos jours.

                 

                   Néanmoins nous retiendrons que le sacré ne se réduit  pas obligatoirement à la pratique religieuse et qu’un certain nombre de personnes apparamment extérieures à toutes pratiques religieuses se référent au sacré.

 

 

 Pour terminer nous réfléchirons sur ; le sacré est il nécessaire à l’homme ?

 

 

                   L’homme a-il besoin d’une référence, d’un au-dessus de lui, comme s'il n’arrivait pas à s’appréhender entre la négation de soi et l’affirmation de soi. Entre le besoin de se soumettre et de dominer.

                  Le sacré c'est la présence de l’absence.

                  L’expérience du religieux qui est la nôtre et le demeure occupe notre pensée, préside à l’organisation de notre imaginaire et gouverne les problèmes qui nous préoccupent. Au sens kantien il joue un rôle d’idées régulatrices, à la fois inatteignables, struturantes et motrices.

 

                  Une sortie complète de la religion est possible nous dit Marcel Gauchet  « Cela ne signifie pas que le religieux doive cesser de parler aux individus… où indépendamment de tout contenu dogmatique arrêté, il est expérience personnelle.  Le déclin de la religion se paie en difficuté d’être soi ».

                   L’expérience explicite de l’Autre ou du «  Grand Autre » pour reprendre l’expression de Jacques Lacan ou du «  tout-autre » de Rudolf  Otto est-elle nécessaire à l’individu ?

                  Le sacré révèle une profonde ambivalence pour le philosophe Kierkegaad, il s’agit « d’une antipathie sympathique et d’une sympathie antipathique » nous dit-il.  

                  Dans la mesure où il n’y a pas de conceptualisation du sacré l’expérience du sacré est bien difficile à définir. Nous parlons avec beaucoup de difficulté de l’expérience qui est la nôtre .

 

                Nous nous interrogons car le sacré  correspond à un ensemble de comportements individuels et collectifs qui remontent aux temps les plus immémoriaux de l’humanité .

                Que la religon ou que les religions disparaissent sous les formes dont nous les vivons actuellement, c’est possible.mais que nous restions fidèles à la Tradition de l’église nous semble souhaitable.

                Mais notre Société oublie peut-être le sens du sacré pour le remplacer par des substituts et donne une priorité au bien être et à l’individualisme. Elle reste sans repéres dans une vie psychiquement stressante et l’homme se trouve à nu avec ses angoisses, ses interrogations sans réponses . Ce qui lui fut épargné depuis le début de l’aventure humaine par la grâce des dieux.  -

              A quoi bon vivre , si l’on doit disparaître sans laisser de traces,  

.  C’est la part de pertinence que comportent les théses qui font dépendre la religion des nécessités intangibles de la fonction symbolique».

 

. Le déclin de la religion se paie en difficulté d’être soi

 

Ce terme correspond à un ensemble de comportements individuels et collectifs qui remontent aux temps les plus immémoriaux de l’humanité .

 

                  Cette opération élémentaire de division du réel, de dédoublement du visible et de l’invisible serait-elle source du monde de la croyance ?

 

                           L’art est la continuation du sacré

 

"L’homme n’est-il donc homme que s’il se connaît comme homo religiosus" 

nous dit Gwendoline Jareczyk ?

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commentaires

G
Ce que je trouve important, c'est que le Pape, lors de son dernier voyage en "terre Sainte", a mis l'accent sur les valeurs communes des trois religions monothéistes
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M
Réflexion intéressante, à approfondir.
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